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Irlande-France, une tragédie irlandaise en trois actes

Retour sur le match Irlande-France, rencontre la plus attendue du tournoi des 6 Nations 2025, mais du point de vue des Irlandais cette fois-ci pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé.


On connaît les tragédies grecques et shakespeariennes, là on est entré dans un nouveau registre. La performance des Bleus est historique. Mais la contre performance des locaux l'est aussi par sa rareté. Dans la peau du metteur en scène de ce match, décryptage des éléments qui ont conduit les Irlandais à tirer un trait sur le Grand Chelem, et sans doute la première place du Tournoi.


Acte I : des espoirs et des rêves


Le décor tout le monde le connaît, les acteurs aussi. Samedi 8 mars, 15h15, Aviva Stadium, 50 000 places, pas un siège de libre. Juste avant cela, le XV du Trèfle était invaincu. 60 minutes un peu stressante à Cardiff, une résistance pas assez solide de l'Angleterre avant cela, mais un parcours sans trop d'embûche. Une semaine à écouter les complaintes du staff du XV de France sur la suspension de l'ouvreur Garry Ringrose pour un plaquage haut contre le Pays de Galles, avec une sanction plus courte d'une semaine que Romain Ntamack. Dans le groupe rien à signaler, Simon Easterby annonce une composition classique. Quasi similaire à l'équipe type puisque le talonneur Ronan Kelleher est forfait, et l'ailier Mack Hansen toujours indisponible. Mais dans l'absolu, tout va bien. Andy Farrell, en service avec les Lions Britanniques est dans les tribunes, non loin du Président de la République irlandaise, venu respecter le protocole et voir ses joueurs s'assurer une première place dans le Tournoi, et pourquoi pas un troisième Grand Chelem de suite. Après 10 minutes de serrages de mains sur le tapis rouge et trois hymnes, le match commence enfin.

Pause : il manque quelqu'un là ? James Lowe, le meilleur ailier du monde capable de changer la donne à lui seul n'est plus dans son couloir. Blessé à l'échauffement, l'homme aux 4 passes décisives sur ce tournoi laisse sa place à Calvin Nash.



Pris de spasmes dans le dos, James Lowe a été contraint de déclarer forfait à la dernière minute
Pris de spasmes dans le dos, James Lowe a été contraint de déclarer forfait à la dernière minute

Personne n'est irremplaçable, mais cet après-midi, l'ailier remplaçant n'avait pas les épaules pour une mission d'intérim aussi importante.


Acte II : tout se passe bien, trop bien même


Une statistique pour comprendre ce qu'il se passe sur le terrain. Les Français ont réalisé 38 plaquages en 8 minutes de jeu. Le plan se passe comme prévu. C'est brutal et les locaux s'implantent dans le camp adversaire et enchaînent les assauts puissants. Plus de 80% de possession pour les Verts. Mais les Bleus tiennent et marquent sur la première incursion dans le camp irlandais. Ils profitent de la faute cynique de Joe McCarty, qui laisse un espace dans la ligne après avoir tiré le maillot de Thomas Ramos, synonyme de carton jaune. Viens ensuite l'action qui a fait plus réagir l'Hexagone que l'issue finale du match : la rupture ligamentaire d'Antoine Dupont. "Malheureusement, c’est arrivé. Les joueurs ont conscience désormais du fait qu’ils ne doivent pas intervenir sur les membres inférieurs de l’adversaire qui peut créer ce genre de blessure. Mais ce n’était pas le cas aujourd’hui. Il a juste sécurisé son propre ballon et n’a pas voulu blesser Dupont. Il a juste heurté un gars qui était déjà sur Dupont, c’est le genre de choses qui arrivent, hélas" a déclaré le sélectionneur de l'Irlande à propos de cette action.



Caelan Doris et Simon Easterby en conférence de presse après le match
Caelan Doris et Simon Easterby en conférence de presse après le match

Bien que l'on ne doit jamais se réjouir d'une blessure d'un joueur, les Irlandais peuvent se sentir un peu chanceux. Jusqu'à ce que Maxime Lucu n'entre et ne dévoile sa vraie nature... Avec deux points de retard à la pause (06-08) tous les signaux s'allument au vert, et le doute semblait s'installer dans la tête de Fabien Galthié. Sa descente au bord du terrain et son langage corporel laissait envisager le meilleur pour ses adversaires. Mais ce qu'il s'est passé en deuxième mi-temps relève du surnaturel.


Acte III : La fin d'une Eire


Cinquante. Ce n'est pas le nombre de points inscrits par l'Irlande à la fin du match. C'est la minute à laquelle le match a basculé dans une autre dimension. Au retour des vestiaires, les Français n'ont plus de trois-quarts sur leur banc et un ballon porté passe enfin la ligne d'en-but. Ils reprennent les devant au score et commencent à faire respecter la loi de l'Aviva. Jusqu'à ce que Louis Bielle-Barrey s'offre un moment hors du temps. Un essai qui rentre dans la légende à la seconde même où il est aplati. Le jeune bordelais continue sa quête du record d'essais dans un Tournoi (il est à 7 unités le record est de 8).

Le résumé du match, avec le tournant du match à 6.55

Les trajectoires des nations se croisent à cet instant précis. Les Français montent en puissance, les Irlandais s'éteignent peu à peu, et c'est rare. On pourrait croire à un concours de circonstance. Peut-être qu'avec James Lowe en couverture, l'ailier bordelais ne serait pas allé au bout. Il faut aller au-delà de cela. Les "plaquages" de Peter O'Mahony, en se jetant dans les jambes des joueurs français, avaient des allures de gestes d'impuissance. Le groupe France a une moyenne d'âge de 25 ans, le groupe irlandais c'est 5 ans de plus. La différence se fait là. Avec un pack d'avants qui ne franchit pas, qui n'avance pas après avoir choisi la touche au lieu de prendre les points, le doute et la fatigue s'installent. Et prennent le pas sur la motivation et le courage.

Résultat, la forteresse de Dublin tombe, symbole de la fin d'une génération, qui n'a pas pu tenir en attendant que la nouvelle arrive à maturité. Sam Prendergast incarne cette nouvelle génération : intéressante et pleines d'initiatives face à l'Ecosse (victoire 32-18 le 9 février dernier à Murrayfield). Encore trop juste dans des matchs à enjeux aussi importants que celui de samedi dernier. Après avoir été bousculés par l'Angleterre en ouverture du tournoi, après avoir douté à Cardiff, en y laissant un précieux point de bonus offensif, les Irlandais ont perdu au pire moment, contre la meilleure équipe de France de l'histoire. La dernière défaite des champions en titre dans leur enceinte remontait au 14 mars 2020, contre l'Angleterre.

Il ne reste plus qu'à finir le Tournoi des 6 Nations 2025 en s'imposant en Italie, et prier pour un exploit écossais au Stade de France samedi prochain.



 
 
 

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